J’ai participé à la rédaction du rapport des Nations unies sur le climat. Voici pourquoi il me donne de l’espoir

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On 4 avril, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies a publié le dernier volet de son sixième rapport d’évaluation, une synthèse scientifique épique qui explore les causes et les conséquences du changement climatique. Ce dernier document se concentre sur les causes – principalement l’émission effrénée de gaz à effet de serre – et sur la manière de les réduire, rapidement.

En tant que l’un des principaux auteurs du nouveau rapport, j’ai, avec plus de 230 scientifiques du monde entier, examiné collectivement plus de 18 000 articles scientifiques et répondu à environ 60 000 commentaires d’examinateurs pendant plus de trois ans. Notre objectif était de dresser le tableau le plus précis et le plus nuancé possible de la science climatique et des sciences sociales actuelles, et de l’utiliser pour éclairer l’élaboration des traités internationaux sur le changement climatique et la conception des politiques. Le résultat est un document de près de 3 000 pages qui décrit en détail une menace grave et urgente, mais qui nous donne également des raisons d’être optimistes.

Tout d’abord, les mauvaises nouvelles : Les émissions annuelles moyennes de gaz à effet de serre n’ont jamais été aussi élevées qu’au cours de la dernière décennie. dans l’histoire de l’humanité. Et ce, en dépit de l’escalade des mouvements sociaux, de déclarations très médiatisées et de promesses tapageuses de dirigeants politiques et d’entreprises d’intégrer le climat dans les décisions d’investissement et d’affaires. Sans réductions immédiates, profondes et accélérées des émissions dans tous les secteurs et dans toutes les régions du monde, l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius maximum – le seuil permettant d’éviter les pires effets du changement climatique, mais pas tous – sera hors de portée. Le bilan humain et environnemental d’un tel scénario est insondable.

Mais des lueurs d’espoir émergent également de ce rapport. Pour la première fois, nous constatons une diminution réelle et durable des émissions de gaz à effet de serre dans certains pays. Ces réductions ne sont pas des bavures attribuables à la récession économique de 2008 et 2009 ou aux difficultés infligées par la pandémie de Covid-19. Elles sont plutôt le résultat d’efforts efficaces et, dans certains cas, ciblés, visant à développer les énergies renouvelables, à électrifier les transports, à améliorer l’efficacité des bâtiments, à favoriser les communautés compactes et durables et à réduire l’empreinte carbone de la société. Dans certains pays, ces réductions sont suffisamment profondes et complètes pour être compatibles avec la limitation du réchauffement climatique à 2 degrés Celsius, l’objectif primordial fixé dans l’accord de Paris de 2015.

Ces signes de progrès indiquent également une voie à suivre. Les solutions au changement climatique existent désormais ; il nous suffit de les adopter.

Dans le secteur de l’approvisionnement en énergie, qui est responsable d’environ un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, une transition particulièrement importante est nécessaire. Pour limiter le réchauffement à 2 degrés Celsius, il nous faudra prématurément fermer les infrastructures pétrolières et gazières d’ici le milieu du siècle. En d’autres termes, nous devrons laisser les combustibles fossiles dans le sol, et les nouvelles infrastructures qui continuent d’être annoncées dans des pays comme le Canada pourraient devenir des actifs échoués d’ici 2050. Le charbon, bien sûr, devra disparaître. En l’absence d’un système efficace de captage et de stockage du carbone, qui n’est actuellement ni largement ni suffisamment utilisé pour avoir un impact mesurable sur nos objectifs climatiques, l’utilisation du charbon devra diminuer de 92 % d’ici à 2030.

Certains signes prometteurs indiquent toutefois qu’une transition est déjà en cours dans le secteur de l’énergie. Alors que nous observons la volatilité des prix du gaz, nous avons également vu le prix des énergies renouvelables baisser. Le coût des cellules photovoltaïques utilisées pour récolter l’énergie solaire a chuté d’environ 85 % au cours des dix dernières années, dépassant même les prévisions les plus optimistes. De même, le prix de l’énergie éolienne a baissé d’environ 55 % au cours de la même période, et le prix des batteries lithium-ion – essentielles lorsque le soleil ne brille pas et que le vent ne souffle pas – a également baissé de 85 %. Des carburants comme l’hydrogène et les biocarburants combleront les lacunes pour soutenir une transition dans l’aviation et la navigation lourde.

Notre rapport suggère également un vaste potentiel pour faire évoluer nos villes vers un développement résilient et à faible émission de carbone. Les villes sont responsables de plus des deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. C’est là que les secteurs du transport, du bâtiment et des infrastructures se heurtent pour façonner les décisions individuelles. La demande de transport peut être réduite en plaçant les habitations à proximité des lieux de travail, de loisirs et de services. Les émissions restantes peuvent être considérablement réduites en encourageant le passage aux véhicules électriques alimentés par des sources d’énergie propres et aux transports actifs, comme la marche et le vélo. Les bâtiments efficaces qui utilisent une énergie nette nulle ou qui ne produisent aucune émission nette de carbone seront également essentiels, et nous constatons que ces bâtiments apparaissent dans tous les pays européens.climat.

Mais il est également important de ne pas rejeter la responsabilité de l’atténuation du changement climatique sur l’individu. Nous ne pouvons opter pour des transports à faible émission de carbone que si l’infrastructure est disponible et abordable ; nous pouvons plus facilement rendre nos maisons efficaces sur le plan énergétique si les incitations et les codes de construction favorisent ces changements. Le lien entre la prise de décision collective, à tous les niveaux de gouvernance, et le comportement individuel est puissant.

En fin de compte, le nouveau rapport du GIEC met à nu l’état de nos efforts pour atténuer les pires conséquences de la combustion effrénée des combustibles fossiles. Il montre que nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs plus larges en matière de développement durable, à savoir un environnement naturel dynamique, une eau propre, la paix, une pauvreté zéro et des communautés saines, sans nous attaquer au changement climatique. Cela ne fonctionnera tout simplement pas. Notre rapport montre que la lutte contre le changement climatique est une question de justice et qu’un climat stable est le fondement sur lequel nos sociétés prospèrent. Nous avons maintenant les solutions, et la voie à suivre est difficile, mais claire.

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