Des espèces “étrangères” de vers marteaux prédateurs identifiées en Europe et en Afrique

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Des espèces "étrangères" de vers marteaux prédateurs identifiées en Europe et en Afrique
Humbertium covidum

Humbertium covidum, un ver à marteau envahissant trouvé en Italie. Crédit : Pierre Gros

Deux nouvelles espèces de vers plats à tête de marteau potentiellement invasives d’Europe (France et Italie) et d’Afrique (Mayotte).

Des espèces “étrangères” de vers marteaux prédateurs – dont un spécimen vert-bleu irisé spectaculaire – identifiées en Europe et en Afrique.

L’une des conséquences de la mondialisation est la propagation involontaire d’espèces végétales et animales envahissantes. Les vers plats terrestres ont envahi le monde entier, principalement par le biais du commerce des plantes. Plus d’une dizaine d’espèces sont maintenant répandues, telles que Obama nungara (originaire d’Argentine), Platydemus manokwari (originaire de Nouvelle-Guinée) et Bipalium kewense (de l’Asie du Sud-Est).

Diversibipalium mayottensis

Diversibipalium mayottensis, une espèce invasive de ver à marteaux trouvée à Mayotte. Crédit : Laurent Charles

Une équipe internationale dirigée par le Professeur Jean-Lou Justine de l’ISYEB (Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France) rapporte la description de deux nouvelles espèces de vers plats à tête de marteau. Il s’agit de la première étude de ces espèces, rapportée dans un article publié dans la revue Open Access PeerJ.

Les vers plats terrestres sont des prédateurs d’animaux du sol, notamment les vers de terre, les limaces et les escargots. Ils constituent une menace pour la biodiversité et l’écologie du sol lorsqu’ils sont introduits dans un nouvel environnement. Les vers plats à tête de marteau sont des membres spécialisés de cette famille qui présentent une tête élargie. Un certain nombre d’espèces de vers plats à tête de marteau ont été décrites par des scientifiques, non pas à partir de spécimens provenant de leur pays d’origine, mais de spécimens obtenus dans les pays déjà envahis. C’est le cas, par exemple, des deux espèces trouvées aux Etats-Unis, Bipalium pennsylvanicum et Bipalium adventitiumqui sont originaires d’Asie mais n’ont pas été signalées dans un pays asiatique. Les deux nouvelles espèces décrites dans ce nouvel article suivent un schéma similaire.

Ces recherches mettent en évidence le problème des espèces exotiques et leur capacité à devenir envahissantes. Elles constituent l’une des principales menaces pour la biodiversité et ont un impact financier considérable sur l’économie. Un large éventail de techniques a été utilisé, notamment la science citoyenne, les expéditions sur le terrain, la macrophotographie, la morphologie classique et le séquençage de nouvelle génération en biologie moléculaire.

Les vers plats à tête de marteau comptent quelques “géants” parmi les vers plats terrestres, une espèce atteignant un mètre de long. Cependant, les nouvelles espèces décrites ici sont petites, ce qui explique peut-être pourquoi elles ont échappé à l’attention des chercheurs auparavant.

La première nouvelle espèce a été nommée Humbertium covidum en référence au travail effectué pendant les fermetures causées par la pandémie mondiale et “en hommage aux victimes de COVID-19,” write the authors. It was found in two gardens in the Pyrénées-Atlantiques (France) and also in Veneto (Italy). It is small (30 mm) and looks uniformly metallic black, an unusual color among hammerhead flatworms. Through genetic analyses of its intestinal contents, the researchers found that these flatworms consume small snails. The species’ origin is probably Asia, and it is potentially invasive.

Mitogenome Humbertium covidum JL351

The second new species was named Diversibipalium mayottensis and was only found in Mayotte (a French island in the Mozambique Channel, Indian Ocean). The species is small (30 mm) and exhibits a spectacular green-blue iridescence over brown ground color. Genetic analyses, including mitogenomes, showed that this species was the sister-group of all other hammerhead flatworms (subfamily Bipaliinae) and is thus of special interest for understanding the evolution of these worms. Its origin could be Madagascar, from where it would have been inadvertently brought to Mayotte by people at some time in the past.

Mitogenome Diversibipalium mayottensis

Jean-Lou Justine said “Due to the pandemic, during the lockdowns most of us were home, with our laboratory closed. No field expeditions were possible. I convinced my colleagues to gather all the information we had about these flatworms, do the computer analyses, and finally write this very long paper. We decided to name one of the species “covidum,” paying homage to the victims of the pandemic.”

In addition to classical anatomical and morphological descriptions, the researchers used the characters of complete mitogenomes to characterize the new species. Mitochondrial genomes (or mitogenomes) with about 15,000 base pairs, provide a significant amount of information, especially details about their genes. The researchers, who had previously studied the mitogenomes in four species of land flatworms, describe here the complete mitogenomes of five species of hammerhead flatworms. Complete mitogenomes and other sequences generally used for phylogeny, such as those of Small and Large Subunit Ribosomal RNA (SSU and LSU), allowed the research team to propose the first molecular study of relationships within the hammerhead flatworms (subfamily Bipaliinae).

Reference: “Hammerhead flatworms (Platyhelminthes, Geoplanidae, Bipaliinae): mitochondrial genomes and description of two new species from France, Italy, and Mayotte” by Jean-Lou Justine​, Romain Gastineau, Pierre Gros, Delphine Gey, Enrico Ruzzier, Laurent Charles and Leigh Winsor, 1 February 2022, Peerj.
DOI: 10.7717/peerj.12725

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