De nouvelles preuves ravivent de vieilles questions sur E.O. Wilson et la race.

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Did Edward O. Wilson – Professeur Ă  Harvard, biologiste emblĂ©matique, champion de la biodiversitĂ© mondiale – promoteur d’idĂ©es racistes ? Depuis des annĂ©es, certains scientifiques suggĂšrent que cette question trouve son origine dans des campagnes de diffamation et des interprĂ©tations erronĂ©es de l’Ɠuvre de Wilson. D’autres chercheurs ont affirmĂ© que le racisme et le sexisme sont apparents dans les Ă©crits de Wilson sur l’évolution humaine.

Depuis la mort de Wilson fin dĂ©cembre 2021, Ă  l’ñge de 92 ans, la question a fait l’objet d’un nouveau dĂ©bat, aprĂšs qu’un article d’opinion paru dans Scientific American dĂ©crivant les “idĂ©es dangereuses” de Wilson ait dĂ©clenchĂ© une rĂ©action nĂ©gative de la part de certains scientifiques.

Aujourd’hui, deux paires distinctes de chercheurs, s’appuyant sur les documents de Wilson conservĂ©s Ă  la BibliothĂšque du CongrĂšs, ont publiĂ© les dĂ©tails d’une correspondance dans laquelle Wilson soutient en privĂ© un psychologue connu pour ses travaux racistes. “Cela ne me surprend pas du tout”, a dĂ©clarĂ© Joseph Graves Jr, biologiste Ă©volutionniste Ă  l’UniversitĂ© d’État agricole et technique de Caroline du Nord, qui a beaucoup Ă©crit sur le racisme scientifique et qui a examinĂ© certains des nouveaux travaux d’archives avant leur publication. Ce qui est important dans cette nouvelle recherche, a-t-il ajoutĂ©, “c’est d’avoir trouvĂ© le pistolet fumant”.

Tout le monde n’est pas d’accord sur le caractĂšre dĂ©finitif de ces nouvelles preuves, mais ces rĂ©vĂ©lations promettent de prolonger la rĂ©flexion sur l’hĂ©ritage de Wilson – et d’alimenter un dĂ©bat en cours sur la maniĂšre dont le racisme et le sexisme ont pu façonner des domaines d’étude entiers.

Wilson est peut-ĂȘtre plus connu pour ses recherches sur les fourmis, largement saluĂ©es, et pour son action en faveur de la protection de la biodiversitĂ©. Mais les travaux du scientifique sur l’évolution humaine sont contestĂ©s depuis 1975, date Ă  laquelle il a publiĂ© “Sociobiology : The New Synthesis”, une vaste Ă©tude sur l’évolution du comportement social chez les animaux. Le dernier chapitre du livre, qui vise Ă  “considĂ©rer l’homme dans l’esprit libre de l’histoire naturelle, comme si nous Ă©tions des zoologistes d’une autre planĂšte”, aborde les origines Ă©volutives du langage, de la territorialitĂ© et d’autres comportements. Dans ce chapitre, Wilson se demande s’il pourrait y avoir des diffĂ©rences gĂ©nĂ©tiques marquĂ©es entre les classes socio-Ă©conomiques. (Il Ă©met l’hypothĂšse que certaines des diffĂ©rences entre les cultures humaines pourraient trouver leur origine dans des diffĂ©rences gĂ©nĂ©tiques, et appelle Ă  la crĂ©ation d’une “discipline de gĂ©nĂ©tique anthropologique” pour approfondir la question.

Wilson a abordĂ© des questions qui restent profondĂ©ment polĂ©miques : Dans quelle mesure certaines caractĂ©ristiques des sociĂ©tĂ©s humaines, comme la xĂ©nophobie, l’altruisme ou l’inĂ©galitĂ©, sont-elles dictĂ©es par nos gĂšnes ? Et certaines des variations complexes entre les groupes humains, des scores de QI aux taux d’incarcĂ©ration, peuvent-elles ĂȘtre expliquĂ©es par des diffĂ©rences gĂ©nĂ©tiques, plutĂŽt que par des forces environnementales et sociales ? De nombreux projets racistes – du mouvement eugĂ©niste au nazisme en passant par le nationalisme blanc actuel – ont soutenu que les diffĂ©rences raciales avaient des racines gĂ©nĂ©tiques profondes. Ces idĂ©es pseudo-scientifiques continuent d’alimenter des canards racistes populaires, comme l’idĂ©e que les Noirs ont des gĂšnes qui les prĂ©disposent Ă  la violence.

Aujourd’hui, les experts en Ă©volution humaine s’accordent Ă  dire que la race est une construction sociale, et non une catĂ©gorie biologique, et qu’il est extraordinairement difficile de relier des gĂšnes spĂ©cifiques Ă  des comportements humains complexes. Certains chercheurs et dĂ©fenseurs des droits de l’homme mettent en garde contre le fait qu’en l’absence de meilleures donnĂ©es, les explorations de ces questions ne font souvent que reproduire de vieux stĂ©rĂ©otypes – ou offrent une mince couverture Ă  des idĂ©es fanatiques.

Aprùs la publication de “Sociobiologie”, Wilson a fait l’objet de vives critiques, y compris de la part de certains de ses collùgues de Harvard, qui ont soutenu qu’il avait pris de l’avance sur les preuves scientifiques – et que ses conclusions sur la façon dont la biologie façonne le comportement humain s’orientaient vers un territoire dangereux.

Wilson s’est dĂ©fendu contre ces accusations, affirmant que son travail avait Ă©tĂ© mal compris et, dans certains cas, dĂ©formĂ©. (“Pour que les choses soient claires, je suis heureux de souligner qu’aucune justification du racisme ne se trouve dans l’étude vĂ©ritablement scientifique de la base biologique du comportement social”, Ă©crivait-il en 1981, soulignant sa croyance en “une seule nature humaine”). MalgrĂ© les critiques, la “sociobiologie” a eu une Ă©norme influence : Le livre a contribuĂ© Ă  lancer le domaine de la psychologie Ă©volutionniste, et il a eu une profonde influence sur l’étude du comportement animal et de l’anthropologie biologique.

Moins d’une semaine aprĂšs la mort de Wilson, Monica McLemore, chercheuse en santĂ© Ă  l’universitĂ© de Californie Ă  San Francisco, a publiĂ© une tribune dans Scientific American dĂ©crivant le travail de Wilson comme problĂ©matique et appelant les scientifiques Ă  prendre en compte son hĂ©ritage. En rĂ©ponse, le blogueur scientifique Razib Khan a Ă©crit une lettre ouverte dans laquelle il conteste la façon dont l’article de McLemore caractĂ©rise le travail de Wilson, y compris les “accusations sans fondement de racisme”.Des dizaines d’éminents scientifiques ont signĂ© la lettre.

La lettre ouverte opposait un groupe de scientifiques blancs pour la plupart Ă  un collĂšgue noir qui avait soulevĂ© des problĂšmes de racisme. Mme McLemore, qui a reçu des menaces et des courriers haineux depuis la publication de son article, a mis en doute le jugement des chercheurs qui l’ont signĂ©e. “Que des scientifiques rĂ©putĂ©s soient assez nĂ©gligents pour signer une lettre qui suscite ce genre de haine Ă  l’égard de ma position en ce moment – pour moi, la naĂŻvetĂ© est Ă©norme”, a-t-elle dĂ©clarĂ© Ă  Undark lors d’une rĂ©cente conversation sur Zoom. (Khan n’a pas rĂ©pondu aux demandes de commentaires).

Certains des signataires initiaux de la lettre se sont rĂ©tractĂ©s aprĂšs avoir appris les liens passĂ©s de Khan avec des personnalitĂ©s associĂ©es au nationalisme blanc, notamment la figure de proue de l’alt-right Richard Spencer et l’éditeur Ron Unz.

Peu de temps aprÚs, les propres liens de Wilson avec la frange de la droite ont à nouveau bouleversé la conversation.

One paire de Stacy Farina, biologiste Ă©volutionniste de l’universitĂ© Howard, et son mari, Matthew Gibbons, ont commencĂ© Ă  lire des sections de “Sociobiologie” alors qu’ils Ă©taient bloquĂ©s chez eux pendant la pandĂ©mie de Covid-19. Ils ont Ă©tĂ© surpris par ce qu’ils ont trouvĂ©.

“J’avais lu quelques chapitres de “Sociobiologie” en tant qu’étudiant diplĂŽmĂ©â€, a dĂ©clarĂ© Farina. “Et il y a beaucoup d’excellentes donnĂ©es scientifiques lĂ -dedans. C’est un livre trĂšs intĂ©ressant. Et je n’avais aucune idĂ©e que le dernier chapitre contenait ce genre de choses.” Une partie de sa motivation pour creuser dans le travail de Wilson, a-t-elle poursuivi, Ă©tait un sentiment de lacunes dans sa propre formation. “Je suis frustrĂ©e par le manque d’éducation sur ces questions en biologie de l’évolution”.

Plus tard, lors d’un atelier de la BibliothĂšque du CongrĂšs destinĂ© aux professeurs de Howard, Mme Farina a demandĂ© si la BibliothĂšque disposait de documents d’archives sur M. Wilson. Bien sĂ»r, l’institution dĂ©tient ses papiers personnels – y compris des boĂźtes de documents liĂ©s aux guerres de la sociobiologie. Lorsqu’elle et Gibbons ont parcouru la collection, ils ont Ă©tĂ© attirĂ©s par quatre dossiers portant le nom de J. Philippe Rushton, un psychologue canadien qui, Ă  partir des annĂ©es 1980, a publiĂ© des Ă©tudes soutenant l’existence de diffĂ©rences gĂ©nĂ©tiques substantielles entre les groupes raciaux.

“Il existe des diffĂ©rences entre les populations en matiĂšre de personnalitĂ© et de comportement sexuel, de sorte que, en termes de retenue, les Orientaux > ; les Blancs > ; les Noirs”, commence un article de Rushton publiĂ© en 1987 dans le Journal of Research in Personality. Son travail sera finalement entachĂ© d’accusations de failles statistiques et de violations de l’éthique, et des articles clĂ©s ont Ă©tĂ© rĂ©tractĂ©s.

En 2002, Rushton a pris la tĂȘte du Pioneer Fund, une organisation fondĂ©e dans les annĂ©es 1930 pour promouvoir l’eugĂ©nisme, l’idĂ©e que l’humanitĂ© peut ĂȘtre amĂ©liorĂ©e en manipulant les personnes qui se reproduisent. Il a dirigĂ© cette organisation Ă  but non lucratif jusqu’à sa mort en 2012.

Les week-ends, Farina et Gibbons ont commencĂ© Ă  retourner Ă  la BibliothĂšque du CongrĂšs. C’était une “petite Ă©vasion agrĂ©able pendant la pandĂ©mie”, a dĂ©clarĂ© Gibbons, qui travaille comme spĂ©cialiste du dĂ©veloppement commercial pour une organisation de santĂ© publique. “On partait le matin, on se rendait Ă  une session matinale, on dĂ©jeunait et on paniquait devant ce que la session du matin avait rĂ©vĂ©lĂ©, on faisait la course contre la montre et on essayait de se documenter autant que possible avant qu’on nous mette dehors Ă  la fin.”

Les lettres, selon Farina, dĂ©montrent une relation chaleureuse entre Wilson et le psychologue. Dans cette correspondance, qui date des annĂ©es 1980 et 1990, Wilson exprime son soutien au travail de Rushton et se plaint d’une culture Ă©touffante qui, selon lui, l’a empĂȘchĂ© de s’exprimer plus librement, faisant rĂ©fĂ©rence dans une note Ă  un “renouveau du maccarthysme Ă  gauche”. Lorsque l’universitĂ© de Rushton semble prĂȘte Ă  le sanctionner pour mauvaise conduite acadĂ©mique, Wilson envoie des lettres pour le dĂ©fendre. Il a Ă©galement envoyĂ© des lettres pour obtenir le soutien de ses collĂšgues de Harvard et de la conservatrice National Association of Scholars.

À l’insu de Farina et Gibbons, une paire d’historiens explorait Ă©galement les archives de Wilson. En 2018, l’historien des sciences de l’UniversitĂ© de l’Illinois, David Sepkoski, a commencĂ© Ă  travailler avec les papiers de Wilson lors de la recherche d’un livre sur la biodiversitĂ©. Comme Farina et Gibbons, il a remarquĂ© et gravitĂ© vers les dossiers Rushton.

FrappĂ© par ce qu’il lisait, Sepkoski a commencĂ© Ă  dĂ©poser des images scannĂ©es des lettres dans un dossier Dropbox qu’il partage avec Mark Borrello, historien de la biologie Ă  l’UniversitĂ© du Minnesota. Je suis sĂ»r que je vous ai appelĂ© depuis les archives et que je vous ai dit : “Vous n’allez pas le croire”, a dĂ©clarĂ© Sepkoski Ă  Borrello lors d’une rĂ©cente conversation Zoom avec Undark. Les deux hommes ont commencĂ© Ă  esquisser un projet de livre sur Wilson.

Selon Sepkoski et Borrello, la correspondance suggĂšre que Wilson gĂ©rait soigneusement sa personnalitĂ© publique, alors mĂȘme qu’il poursuivait discrĂštement son conflit avec ses critiques de gauche.

FournirDans ses commentaires sur l’un des articles de Rushton – qui appliquait une cĂ©lĂšbre thĂ©orie de Wilson, destinĂ©e Ă  examiner les diffĂ©rences de reproduction entre diffĂ©rentes espĂšces, pour soutenir que les Noirs et les non-Noirs poursuivent des stratĂ©gies de reproduction diffĂ©rentes – Wilson a Ă©tĂ© Ă©logieux. “C’est un article brillant”, a-t-il Ă©crit, “l’un des plus originaux et des plus heuristiques Ă©crits sur la biologie humaine ces derniĂšres annĂ©es.”

“Qu’il puisse mĂȘme ĂȘtre publiĂ© dans ce journal ou dans un autre journal consacrĂ© Ă  la sociobiologie humaine”, a Ă©crit Wilson plus tard dans ses commentaires, “sera un test de notre courage et de notre fidĂ©litĂ© Ă  l’objectivitĂ© dans la science.”

Au dĂ©but de ce mois, poussĂ©s par la rĂ©action contre McLemore, Farina et Gibbons ont publiĂ© leurs rĂ©sultats dans Science for the People Magazine, un journal de gauche liĂ© au groupe d’activistes qui s’est opposĂ© de façon importante au travail de Wilson dans les annĂ©es 1970.

Quelques jours plus tard, Sepkoski et Borrello ont publié leur propre essai dans The New York Review of Books, avec plus de détails provenant des archives de Wilson.

La rĂ©action de la communautĂ© scientifique Ă  ces lettres a Ă©tĂ© mitigĂ©e. Certains chercheurs ont suggĂ©rĂ© que les rĂ©vĂ©lations ne nĂ©cessitaient pas une rĂ©Ă©valuation substantielle de l’hĂ©ritage de Wilson. InterrogĂ©e sur les nouvelles lettres, la sociologue Ullica Segerstrale a fait rĂ©fĂ©rence Ă  son livre influent de 2000, “Defenders of the Truth”, qui couvre le conflit entre Wilson et ses antagonistes. Dans ce livre, Segerstrale conteste la caractĂ©risation de Wilson comme un penseur raciste et affirme que ses dĂ©tracteurs ont souvent omis de s’intĂ©resser Ă  la substance mĂȘme de son Ɠuvre. “Je maintiens mon analyse gĂ©nĂ©rale dans ce livre concernant la pensĂ©e et le comportement de E.O. Wilson et de Science for the People”, a-t-elle Ă©crit dans un courriel adressĂ© Ă  Undark.

Sur le blogue Why Evolution is True, le biostatisticien Gregory Mayer a qualifiĂ© les conclusions de Farina et Gibbon de “petite biĂšre”. Wilson, Ă©crit-il, semblait avant tout dĂ©fendre la libertĂ© acadĂ©mique de Rushton, et non approuver ses idĂ©es. “Agir ainsi n’implique pas une identitĂ© de vues”, a Ă©crit Mayer. Dans un entretien tĂ©lĂ©phonique, il a suggĂ©rĂ© que les historiens devraient se concentrer sur des sujets historiques plus pressants, comme le rĂŽle de Wilson dans le dĂ©veloppement d’un concept clĂ© de l’écologie, plutĂŽt que sur sa correspondance avec un psychologue canadien discrĂ©ditĂ©.

Pour d’autres scientifiques, cependant, ces lettres Ă©taient significatives. Dans un article publiĂ© sur Small Pond Science, un blog consacrĂ© Ă  la science et Ă  l’enseignement, le biologiste Terry McGlynn a rĂ©flĂ©chi Ă  l’impact de ces lettres. “Lorsque l’on navigue dans les parties les plus blanches du paysage culturel de la biologie, la ligne gĂ©nĂ©rale du parti a souvent Ă©tĂ© que Ed avait en grande partie raison sur la sociobiologie, mais que ses idĂ©es avaient Ă©tĂ© dĂ©formĂ©es par des racistes, et qu’il ne pouvait rien y faire”, a-t-il Ă©crit.

Mais, poursuit-il, “il est indubitable que la ligne de parti que j’ai reçue passivement au cours des dĂ©cennies ne correspond tout simplement pas Ă  la rĂ©alitĂ©â€.

Npas tout le monde a trouvĂ© le contenu de ces lettres Ă©tait particuliĂšrement surprenant. En effet, selon certains chercheurs, l’examen attentif des travaux et des dĂ©clarations publiques de Wilson fournissait dĂ©jĂ  de nombreuses preuves de sa sympathie pour des idĂ©es que la plupart des biologistes considĂšrent aujourd’hui non seulement comme moralement discutables, mais aussi comme scientifiquement infondĂ©es.

En 2014, Wilson a chaleureusement commentĂ© le livre de Nicholas Wade, alors journaliste scientifique au New York Times, intitulĂ© “A Troublesome Inheritance”. Le livre soutient que les Noirs peuvent ĂȘtre, en moyenne, plus impulsifs et moins travailleurs que les Blancs ou les Asiatiques de l’Est, et que les diffĂ©rences fondamentales dans la sociĂ©tĂ© humaine – pourquoi HaĂŻti est pauvre, par exemple, et les pays europĂ©ens riches – sont attribuables Ă  des diffĂ©rences gĂ©nĂ©tiques entre les groupes. Dans des revues, des dĂ©bats et des dĂ©clarations publiques, les experts de l’évolution humaine ont clouĂ© le livre au pilori pour avoir dĂ©formĂ© la science. Une exception notable fut Wilson qui, dans son texte de prĂ©sentation, fĂ©licita Wade pour avoir donnĂ© l’exemple des “vertus de la vĂ©ritĂ© sans peur” et cĂ©lĂ©brĂ© la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique humaine.

“C’est assez bien connu”, a dĂ©clarĂ© AgustĂ­n Fuentes, anthropologue biologique de l’universitĂ© de Princeton, qui dĂ©crit “Un hĂ©ritage troublant” comme “affreux, raciste, horriblement non scientifique”. Ce qui a changĂ©, selon lui, c’est la communautĂ© scientifique elle-mĂȘme. Le domaine, dit-il, “atteint vraiment un pic de rĂ©flexion, d’engagement avec les complexitĂ©s du racisme et du sexisme, et la façon dont il a structurĂ© certaines des idĂ©es de base.”

En effet, un article rĂ©cent paru dans la revue Nature Ecology and Evolution, rĂ©digĂ© par le corps enseignant, le personnel et les Ă©tudiants diplĂŽmĂ©s du dĂ©partement d’écologie et de biologie Ă©volutive de l’UC-Santa Cruz, est intitulĂ© “Interventions antiracistes pour transformer les dĂ©partements d’écologie, d’évolution et de biologie de la conservation”. RĂ©cemment, des biologistes se sont mobilisĂ©s pour changer les noms d’espĂšces qui honorent des officiers confĂ©dĂ©rĂ©s et d’autres personnages au passĂ© troublant.

“Rien qu’au cours des deux ou trois derniĂšres annĂ©es, on a l’impression que
quelque chose a changĂ©â€, a dĂ©clarĂ© Ambika Kamath, Ă©cologiste du comportement et de l’évolution Ă  l’universitĂ© du Colorado-Boulder. Selon elle, ce changement s’explique notamment par l’arrivĂ©e dans le domaine de biologistes issus de milieux plus diversifiĂ©s.

Kamath espĂšre que la conversation autour de Wilson suscitera une introspection plus large parmi ses collĂšgues. Le problĂšme, selon elle et d’autres chercheurs, va bien au-delĂ  de Wilson. “Je ne me soucie pas vraiment du fait que Wilson avait des idĂ©es racistes, parce que je sais que pratiquement toutes les personnes auxquelles j’ai eu affaire, lorsque j’ai gravi les Ă©chelons du systĂšme scientifique, avaient des idĂ©es racistes”, a dĂ©clarĂ© Graves, qui est devenu en 1988 le premier Noir amĂ©ricain Ă  obtenir un doctorat en biologie de l’évolution. “Wilson Ă©tait juste un parmi tant d’autres”.

Pour l’instant, d’autres travaux provenant des archives peuvent continuer Ă  Ă©toffer une image plus complĂšte de la vie et de la pensĂ©e de Wilson. La semaine derniĂšre, McLemore, l’auteur de l’éditorial de Scientific American sur Wilson, a dĂ©clarĂ© qu’elle recevait encore des lettres de haine et des menaces. “Tout ce que je voulais faire”, a-t-elle dit, “c’était d’avoir une discussion plus nuancĂ©e sur l’Ɠuvre”.

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