Plus d’un an après le début de la COVID-19[feminine pandémie, plusieurs vaccins ont été autorisés grâce à des efforts de recherche mondiaux sans précédent. Ces vaccins de première génération sont porteurs d’un grand espoir et constituent un pilier de la lutte contre le virus. Cependant, des questions persistent concernant la durée de la réponse immunitaire ou la nécessité d’un rappel. De plus, contrôler la pandémie signifie vacciner des milliards de personnes. Pourtant, fabriquer des doses suffisantes pour protéger l’ensemble de la population mondiale représente un défi considérable. C’est pourquoi la recherche vaccinale est toujours en cours afin de développer des candidats vaccins supplémentaires et de continuer à relever ces différents défis.
Des chercheurs du Vaccine Research Institute (VRI) (Inserm/Université Paris-Est Créteil), du CEA et de l’Université Paris-Saclay travaillent au développement d’un vaccin composé d’un anticorps monoclonal ciblant les cellules immunitaires circulant dans l’organisme : les cellules dendritiques. Ces cellules jouent un rôle clé dans la stimulation du système immunitaire grâce à leur capacité à induire une réponse cellulaire et anticorps robuste et durable, comme l’a démontré l’équipe dans d’autres modèles d’infection. L’anticorps monoclonal est fusionné à un SRAS-CoV-2 protéine, qui stimule les cellules dendritiques.
De plus, cette technologie vaccinale ciblant les cellules dendritiques est actuellement en phase I d’un essai clinique évaluant la l’innocuité et l’immunogénicité d’un vaccin préventif contre le VIH.
Restimuler la production d’anticorps neutralisants
Dans leur étude publiée dans Communication Nature, les scientifiques ont commencé par étudier la capacité de leur candidat vaccin à induire des réponses « de rappel » anti-COVID-19 dans des modèles utilisant des animaux convalescents (ayant contracté le SRAS-CoV-2 six mois plus tôt).
Ils montrent que ce vaccin est bien toléré et efficace, induisant une forte augmentation des anticorps neutralisants. Face à une nouvelle exposition au virus, les animaux convalescents et vaccinés présentent une charge virale indétectable ou éliminent le virus dans un délai plus court (dans les trois jours) par rapport aux animaux convalescents non vaccinés ou aux animaux témoins indemnes de toute infection antérieure. Une dose de ce vaccin offre donc une meilleure protection contre la réinfection que l’immunité naturelle. De plus, les animaux vaccinés étaient protégés des complications pulmonaires suite à l’infection.
Enfin, les chercheurs ont déjà adapté le candidat vaccin pour qu’il soit efficace contre les nouvelles variantes identifiées ces derniers mois. Au laboratoire, les anticorps induits par le vaccin sont capables de neutraliser très efficacement le variant alpha (B.1.1.7) et également de neutraliser de manière significative le variant bêta (B.1.351). Ainsi, le vaccin développé à partir de la souche initiale circulant début 2020 est capable d’induire une réponse anticorps qui neutralise également les nouveaux variants testés.
En conclusion, cette étude montre qu’une seule administration du candidat vaccin, sans adjuvant, restimule la production d’anticorps neutralisants capables de contrôler le virus lors de la réinfection. Cela offre une meilleure protection contre la réinfection que l’immunité naturelle. Ce vaccin pourrait donc compléter l’arsenal des vaccins COVID existants. Les résultats présentés dans cette étude suggèrent qu’il pourrait être particulièrement utile pour les personnes en convalescence ou déjà vaccinées dont la réponse immunitaire a commencé à décliner, afin de renforcer leur immunité. En raison de la bonne connaissance de la sécurité des vaccins sous-unitaires, ce vaccin pourrait également être utile pour les personnes vulnérables ou pour immuniser les enfants.
Des essais cliniques sont prévus pour 2022 avec des patients convalescents ou des personnes ayant déjà reçu un vaccin de première génération. Elles seront également réalisées chez des individus n’ayant jamais été exposés ni à la vaccination ni au virus.
Reference: “Targeting SARS-CoV-2 receptor-binding domain to cells expressing CD40 improves protection to infection in convalescent macaques” by Romain Marlin, Veronique Godot, Sylvain Cardinaud, Mathilde Galhaut, Severin Coleon, Sandra Zurawski, Nathalie Dereuddre-Bosquet, Mariangela Cavarelli, Anne-Sophie Gallouët, Pauline Maisonnasse, Léa Dupaty, Craig Fenwick, Thibaut Naninck, Julien Lemaitre, Mario Gomez-Pacheco, Nidhal Kahlaoui, Vanessa Contreras, Francis Relouzat, Raphaël Ho Tsong Fang, Zhiqing Wang, Jerome Ellis III, Catherine Chapon, Mireille Centlivre, Aurelie Wiedemann, Christine Lacabaratz, Mathieu Surenaud, Inga Szurgot, Peter Liljeström, Delphine Planas, Timothée Bruel, Olivier Schwartz, Sylvie van der Werf, Giuseppe Pantaleo, Mélanie Prague, Rodolphe Thiébaut, Gerard Zurawski, Yves Lévy and Roger Le Grand, 1 September 2021, Communication Nature.
DOI : 10.1038/s41467-021-25382-0