On estime à 17,7 millions le nombre de décès excédentaires dus au COVID-19 : rapport

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Un rapport mondial publié aujourd’hui met en évidence les échecs massifs de la réponse au COVID-19.

Le rapport, rédigé à l’initiative de la revue The Lancet et auquel nous avons contribué, met en évidence des échecs mondiaux généralisés en matière de prévention et de santé publique de base.

On estime à 17,7 millions le nombre de décès supplémentaires dus au COVID-19 (y compris ceux qui n’ont pas été signalés) au 15 septembre.

Le rapport souligne également que la pandémie a inversé les progrès accomplis vers les objectifs de développement durable des Nations Unies dans de nombreux pays, ce qui a eu un impact supplémentaire sur la santé et le bien-être.

Le rapport de la Commission COVID-19 de The Lancet révèle que la plupart des gouvernements étaient mal préparés, trop lents à agir, n’accordaient pas assez d’attention aux personnes les plus vulnérables de leur société et étaient gênés par le manque de confiance du public et une épidémie de désinformation.

Cependant, les pays du Pacifique occidental – y compris l’Asie de l’Est, l’Australie et la Nouvelle-Zélande – ont adopté des stratégies de contrôle plus efficaces que la plupart des autres.

On estime à 300 le nombre de décès par million dans la région (environ 558 par million en Australie et 382 par million en Nouvelle-Zélande au 12 septembre). Ce chiffre est à comparer aux plus de 3 000 par million aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Le rapport présente également 11 recommandations clés pour mettre fin à la pandémie et se préparer à la prochaine.

Manque de coopération

Le rapport est le résultat de deux années de travail d’experts mondiaux en politique publique, santé, économie, sciences sociales et finance. Nous avons contribué au volet santé publique.

L’une des principales critiques du rapport est l’échec de la coopération mondiale pour le financement et la distribution de vaccins, de médicaments et d’équipements de protection individuelle pour les pays à faible revenu.

Cette situation est non seulement inéquitable, mais elle a également augmenté le risque de variantes plus dangereuses.

Le rapport souligne le rôle essentiel de systèmes de santé publique solides et équitables. Ceux-ci doivent entretenir des relations solides avec les communautés locales, investir dans la recherche sur le comportement et les sciences sociales afin de mettre au point des interventions plus efficaces et des stratégies de communication en matière de santé, et disposer de données actualisées en permanence.

11 recommandations

Le rapport a formulé 11 recommandations pour mettre fin à la pandémie et se préparer aux pandémies futures.

1. Vaccins et autres mesures – établir des stratégies mondiales et nationales de “vaccination plus”. Cela permettrait de combiner la vaccination de masse dans tous les pays, d’assurer la disponibilité des tests et des traitements pour les nouvelles infections et les COVID de longue durée, associés à des mesures de santé publique telles que les masques, la promotion de lieux de travail sûrs et le soutien social et financier à l’auto-isolement.

2. Origine virale – une enquête impartiale, indépendante et rigoureuse est nécessaire pour étudier les origines du SRAS-CoV-2, le virus à l’origine de la COVID-19, y compris d’un débordement naturel à partir d’animaux ou d’un débordement possible lié à un laboratoire. Cela est nécessaire pour prévenir de futures pandémies et renforcer la confiance du public dans la science et les autorités publiques.

3. Renforcer l’Organisation mondiale de la santé et la maintenir comme organisation principale pour répondre aux maladies infectieuses émergentes. Donner à l’OMS une nouvelle autorité réglementaire, plus de soutien de la part des dirigeants politiques nationaux, plus de contacts avec la communauté scientifique mondiale et un budget de base plus important.

4. Établir un accord mondial sur les pandémies et renforcer les réglementations sanitaires internationales. Les nouveaux accords sur les pandémies devraient inclure le renforcement de l’autorité de l’OMS, la création d’un système mondial de surveillance et de contrôle des épidémies de maladies infectieuses. Ils prévoiraient également des réglementations pour le traitement des voyageurs internationaux et du fret dans des conditions de pandémie mondiale, ainsi que la publication d’un rapport annuel de l’OMS sur la préparation et la réponse à la pandémie mondiale.

5. Créer un nouveau Conseil mondial de la santé de l’OMS pour soutenir le processus décisionnel de l’OMS, notamment sur les questions controversées. Ce conseil serait composé de chefs de gouvernement représentant chacune des six régions de l’OMS et élus par les États membres de ces régions.

6. Nouvelles réglementations pour prévenir les pandémies des débordements naturels et des activités liées à la recherche, et pour étudier leurs origines. Pour prévenir les débordements naturels, il faudrait mieux réglementer le commerce des animaux domestiques et sauvages et améliorer les systèmes de surveillance des agents pathogènes (micro-organismes pathogènes) chez les animaux domestiques et les humains. L’Assemblée mondiale de la santé devrait également adopter de nouvelles réglementations mondiales en matière de biosécurité pour encadrer les programmes de recherche internationaux portant sur des agents pathogènes dangereux.

7. Astratégie mondiale décennale par les nations du G20 (Groupe des Vingt), accompagnée d’un financement, afin de garantir que toutes les régions de l’OMS, y compris les régions les plus pauvres du monde, puissent produire, distribuer, rechercher et développer des vaccins, des traitements et d’autres outils essentiels de lutte contre les pandémies.

8. Renforcer les systèmes de santé nationaux fondés sur les bases de la santé publique et de la couverture sanitaire universelle et ancrés dans les droits de l’homme et l’égalité des sexes.

9. Adopter des plans nationaux de préparation aux pandémies9. adopter des plans nationaux de préparation à une pandémie qui prévoient le renforcement des systèmes de santé publique communautaires, l’investissement dans une main-d’œuvre qualifiée, l’investissement dans la santé publique et la culture scientifique pour “immuniser” le public contre la désinformation, l’investissement dans la recherche sur le comportement et les sciences sociales pour mettre au point des interventions plus efficaces, la protection des groupes vulnérables, la mise en place d’écoles et de lieux de travail sûrs, et des mesures pour améliorer la surveillance coordonnée et le suivi des nouvelles variantes.

10. Création d’un nouveau Fonds mondial pour la santéoù – avec le soutien de l’OMS – il y a un investissement accru et efficace à la fois pour la préparation à la pandémie et les systèmes de santé dans les pays en développement, en mettant l’accent sur les soins primaires.

11. Développement durable et plans de relance verts. La pandémie a été un revers pour le développement durable, il faut donc renforcer le financement pour atteindre les objectifs de durabilité.

Débloquer une nouvelle approche

Pour améliorer la capacité du monde à répondre aux pandémies, nous devons adopter une nouvelle approche. L’élément clé de toute transformation significative est de collaborer et de travailler à une nouvelle ère de coopération multilatérale.

Les gouvernements d’Australie, d’Aotearoa Nouvelle-Zélande et d’ailleurs ont parlé de “reconstruire en mieux”. Nous devons tirer les leçons des échecs de ces dernières années et construire un cadre plus solide. Cela permettra non seulement de réduire les dangers de COVID-19, mais aussi de prévenir la prochaine pandémie et toute crise mondiale future.

En réévaluant et en renforçant les institutions et la coopération mondiales, nous pouvons construire et définir un avenir plus résilient.

Chris Bullen, professeur de santé publique à l’Université d’Auckland, est co-auteur de cet article et du rapport de la Commission COVID-19 de The Lancet sur lequel il est basé.

John Thwaites, président du Monash Sustainable Development Institute & ; ClimateWorks Australia, Université Monash; Liam Smith, Directeur, BehaviourWorks, Monash Sustainable Development Institute, Monash Universityet Margaret Hellard, professeur adjoint, Monash University ; directeur associé et chef du Centre pour la santé de la population, Institut Burnet

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