L’approche du gouvernement concernant la politique spatiale du Royaume-Uni est “incertaine et décousue”, ont déclaré les députés, alors que les avantages de la participation de 400 millions de livres sterling financée par le contribuable dans la société de satellites OneWeb ne sont toujours pas clairs.
Dans un nouveau rapport publié par le Commons Science and Technology Committee, un groupe multipartite de députés a demandé un examen régulier de l’investissement dans OneWeb.
En juillet 2020, le gouvernement a pris une participation de 33% dans OneWeb pour la sauver de la faillite, dans le cadre d’un consortium avec la société indienne Bharti Global.
Cette initiative a été perçue comme une tentative de donner au Royaume-Uni une plateforme dans l’espace très convoité de l’orbite terrestre basse (LEO), fournissant des connexions Internet aux entreprises et aux gouvernements du monde entier.
Mais la commission a déclaré que le succès de cet investissement reste à voir.
Le rapport déclare : “L’achat de OneWeb par le gouvernement a été effectué dans des circonstances exceptionnelles et les avantages que l’investissement apportera au public britannique ne sont pas encore clairs.
“Compte tenu de l’investissement inhabituel, le gouvernement devrait éviter de faire des achats similaires.
“En outre, étant donné l’investissement public considérable, le gouvernement devrait rendre compte au Parlement de l’état de l’investissement du gouvernement dans OneWeb sur une base annuelle.”
Le comité a également exhorté le gouvernement à utiliser sa “golden share” – qui lui donne des droits de vote spéciaux – pour obtenir l’assurance que OneWeb fabriquera sa constellation de satellites de prochaine génération au Royaume-Uni et créera des opportunités économiques et d’emploi.
Entre-temps, le rapport a également exprimé son inquiétude quant aux retards dans l’octroi des licences qui ont conduit au report du tout premier lancement de satellite au Royaume-Uni.
Un avion de Virgin Orbit transportant des satellites doit décoller au spatioport de Cornouailles mais n’a pas encore reçu de licence de l’Autorité de l’aviation civile (CAA) pour le faire.
Les députés ont également déclaré qu’il était “préoccupant” que le Royaume-Uni soit dépendant du système de positionnement global (GPS) des États-Unis et qu’il doive garantir ses propres capacités de positionnement, de navigation et de synchronisation (PNT), qui sont nécessaires pour les infrastructures nationales critiques et la défense.
Le rapport indique qu’alors que l’industrie britannique de l’espace et des satellites, qui représente 16 milliards de livres sterling, est florissante, l’approche de la politique spatiale au sein du gouvernement manque de cohérence.
Le rapport indique que si le Royaume-Uni n’est pas en mesure de participer au programme d’observation de la Terre Copernicus de l’UE, le gouvernement devrait publier un “plan B” d’ici la fin décembre 2022, qui devra inclure la manière dont les 654 millions de livres sterling actuellement réservés à la participation seront dépensés.
Greg Clark, président de la commission, a déclaré : “L’industrie britannique de l’espace et des satellites est de classe mondiale.
“De Harwell à Glasgow, notre commission a pu constater de visu l’ingéniosité et le talent qui font avancer les découvertes mondiales.
“Cependant, l’approche incertaine et décousue du gouvernement ne permet pas de réaliser le plein potentiel de l’industrie.
“Une meilleure coordination intergouvernementale est cruellement nécessaire pour refléter le fait que le secteur spatial n’est pas seulement important sur le plan économique, mais qu’il est central pour la défense, la sécurité nationale et les relations étrangères du Royaume-Uni.”
La commission a également critiqué la dissolution du Conseil national de l’espace sous le gouvernement Truss, qui, selon elle, va “réduire à néant” les récents progrès de la politique spatiale, car elle rend les responsabilités des organismes publics impliqués dans l’espace “très floues”.
M. Clark a déclaré : “La suppression du National Space Council est clairement un pas dans la mauvaise direction, et j’espère que le nouveau gouvernement reconsidérera cette décision.”
Un porte-parole du gouvernement a déclaré : “Grâce à notre soutien continu, le Royaume-Uni abrite aujourd’hui l’un des secteurs spatiaux les plus innovants et les plus attrayants au monde, notre stratégie spatiale nationale permettant de franchir d’énormes étapes, comme la Cornouailles qui accueillera bientôt le tout premier lancement de petit satellite depuis le sol européen.”