Cela pourrait enfin être en train de se produire. Depuis des années, les technologues promettent que l’ère du véhicule électrique est arrivée. Après de faux départs au début du 20e siècle (où les véhicules électriques ont représenté, pendant une courte période, un tiers des véhicules américains), dans les années 1970 (merci, crise de l’essence) et au début des années 2000 (lorsque deux ingénieurs américains ont fondé une société appelée Tesla Motors), les véhicules électriques sont en passe de devenir monnaie courante.
Les données du cabinet d’études BloombergNEF montrent que le monde a atteint un record de ventes annuelles de VE pour passagers de 7,1 millions à mi-chemin de 2022. Le cabinet prévoit 10,6 millions de ventes d’ici la fin de l’année, et ce malgré les tensions qui pèsent sur la chaîne d’approvisionnement des véhicules et qui rendent difficile l’arrivée des véhicules électriques chez les concessionnaires.
Au cours du premier semestre 2022, 13 % des ventes mondiales de véhicules particuliers étaient des véhicules électriques à batterie, hybrides rechargeables ou à pile à combustible, selon les données de BloombergNEF. La croissance est toutefois inégale, l’Allemagne (26 %), le Royaume-Uni (24 %) et la Chine (23 %) étant en tête. Seuls 7 % des véhicules particuliers vendus aux États-Unis au cours du premier semestre de l’année étaient à émission zéro.
Qu’est-ce qui va bien ? Tout d’abord, les efforts du gouvernement pour lutter contre le changement climatique grâce à une politique de transport progressiste semblent porter leurs fruits. Depuis 2020, l’Allemagne offre aux acheteurs de voitures jusqu’à 9 000 euros d’incitations s’ils choisissent de passer à l’électrique, un système qui a si bien fonctionné que le gouvernement réduira les versements en 2023. La Chine a investi de manière agressive dans son industrie nationale de la voiture électrique depuis près de dix ans. Et le gouvernement américain a adopté cette année une série de nouveaux programmes qui non seulement étendent les incitations à l’achat de véhicules, mais visent également à soutenir une chaîne d’approvisionnement de véhicules électriques plus américaine, depuis l’assemblage des véhicules jusqu’à l’extraction des minéraux rares qui entrent dans la fabrication des batteries des VE.
Les constructeurs automobiles ont également accéléré la production de toutes sortes de véhicules électriques. Après des années d’options électriques limitées, un plus grand nombre de personnes sont désormais en mesure de trouver un VE répondant à leurs besoins, qu’il s’agisse d’une femme célibataire en quête d’un week-end de plaisir ou d’un parent occupé transportant deux enfants et des accessoires. Aux États-Unis, cela a donné lieu à un menu varié de nouveaux SUV entièrement électriques, notamment le Tesla Model Y et le VW ID.4, de camions, notamment le Ford F-150 Lightning et le Rivian R1T, et de voitures de sport rapides, notamment la Porsche Taycan et la Ford Mustang Mach-E. Les Européens ont opté pour de plus petites voitures à hayon, notamment la Fiat 500 électrique et la Peugeot e-208 – et ont même été courtisés par les constructeurs chinois qui ont travaillé pour répondre aux normes de sécurité européennes élevées.
Il y a des raisons de penser que l’essor des VE peut se poursuivre. Avant la fin de cette décennie, les principaux constructeurs automobiles mondiaux se sont engagés à dépenser la somme astronomique de 1,2 billion de dollars pour produire 54 millions de véhicules électriques, selon un rapport de l’OCDE. Reuters Reuters. Les gouvernements se sont engagés à dépenser des milliards pour les infrastructures de recharge. Les fabricants de batteries ont promis des milliards de dollars pour les coûts de démarrage des usines.
Tout cela est une bonne nouvelle pour les gouvernements qui se sont fixé des objectifs ambitieux pour éliminer progressivement les ventes de voitures à essence d’ici 2035. L’Union européenne et les États américains de Californie, de New York et de Washington ont tous officialisé leurs plans en ce sens cette année. Mais bien que les ventes de VE soient en plein essor actuellement, de nombreux éléments pourraient ralentir la révolution électrique.
Tout d’abord, les chargeurs de véhicules électriques ne sont pas assez répandus. Les gouvernements et le secteur privé doivent mettre en place un réseau mondial de chargeurs de véhicules électriques capables de desservir non seulement les voitures particulières, mais aussi les flottes de camionnettes et de camions, avec une omniprésence qui peut rivaliser avec les stations-service. Par ailleurs, les réserves mondiales de minéraux pour batteries – lithium, nickel, cobalt et même graphite – sont limitées et leur extraction du sol est un travail difficile. 2022 sera-t-il le point de bascule de l’électricité ? C’est une question à laquelle on ne peut répondre qu’a posteriori.